mardi, mars 07, 2006

Hey.

Je m’étais couchée en n’ayant absolument aucune envie de me réveiller, et je me suis réveillée dans l’angoisse la plus totale.
J’avais trois filles en têtes, trois qui vont pas bien, avec qui je vais pas bien, qui me rendent pas bien. D’habitude, leur pensée me sort de ce genre de trou noir, mais là, c’est elles qui m’y ont plongée, à ce moment là, c’était tellement douloureux de penser à leur nom ou à leur vie que la seule chose que j’ai pu faire, c’est rester figée dans mon lit, dans ce putain de noir que je suis pas censée connaître.
Il était cinq heures du matin.
J’avais incroyablement chaud, j’ai fait glisser ma chaussette droite avec mon pied gauche et j’ai fait glisser ma chaussette gauche avec mon pied droit. J’ai dégagé la couverture et j’ai eu froid alors je l’ai remis. Mais je me suis remise à avoir chaud. J’avais mal au dos, mal à la tête et la sensation que je pourrais plus rien avaler de ma vie. Ces nausées qui ne se concrétisent jamais parce qu’elles sont elle-même une concrétisation.
Le redondant de mon cerveau, en ce moment c’est : « Vie de merde, journée de merde. ». C’est la seule chose à peu près sensée à laquelle j’aie accès. Merde.
C’est comme si on avait installé un système à larmes ridicules entre mes deux yeux. Quand je pense à E., je me mets immanquablement à pleurer, j’avais l’habitude de dire que c’était la seule qui me comprenait vraiment et elle n’est plus là. Si elle est vraiment partie, il y a trop de choses qui vont êtres insupportables, il y a trop de choses que je lui dois et dont je ne pourrai plus profiter sans elle.
C’est terrible de ne pas pouvoir s’arrêter de pleurer, c’est terrible de penser qu’on ne reverra peut-être jamais quelqu’un, c’est terrible d’avoir la sensation que votre vie a déjà commencé à merder. Je voudrais un planning de ma vie, je voudrais qu’on me dise si ça sera comme ça tout le temps. Je n’arrive pas à penser à quelque chose qui ne me rappelle pas une période où j’ai été plus heureuse. Le processus est presque terminé, bientôt, le moindre de mes souvenirs sera une torture et je ne pourrai plus me réfugier nulle part. Les laboratoires d’analyse, les odeurs de barbecue, les Ramones, le cinéma du dimanche avec mon père, le collier, les fous rires de quatrième, on m’a tout enlevé.
Maintenant je suis plus la même personne, je n’écoute plus la même musique, je vis au milieu de gens que je déteste dans l’attente de gens que j’aime un peu trop. La seule chose qui me fait vraiment sourire, c’est celle que je n’aurai jamais, qui ne m’apporte pas grand-chose de durable. Ce sont des musiciens comme Adam Green, comme Pete Doherty. Encore juste une pensée de secours, l’imposture que je confonds avec le bonheur depuis juste un peu trop longtemps.
Mais c’est du plantage du début à la fin.
Ma vie, maintenant, c’est des 3/20 en maths, des putains de DVD et de sandwichs, des gens que je méprise, une mère cinglée, des livres que je lis pour la cinquantième fois parce que j’ai pas assez d’argent pour m’en acheter de nouveaux.
C’est incroyable comme je hais ce que je suis devenue.
Si E. est vraiment partie, je sais pas.

6 Comments:

Blogger Solipsis' said...

Je pense ne plus m’imposer ici après ça. Sensation de me sentir concernée, je suppose que je ne devrais probablement pas.
J’ai ce sentiment, un peu vague mais néanmoins troublant, que cette personne dont tu parles me manques aussi.
Elle ne l’a jamais su, sans elle je ne serai plus.
E., si elle est la personne que je devine, était une source inépuisable d’éclectiques richesses. Avec assiduité je m’immergeais dans son univers, ses élucubrations, ses constats…
J’assume le caractère pathétique de ma fascination inavouée. Elle m’a influencée sans même le soupçonner. Je m’arrête avant l’excès abusif de superlatifs à son sujet et m'excuse pour cette intrusion mal venue.

E(ds) manque.

07 mars, 2006 21:49  
Blogger Snoowflake said...

Je pourrais mieux mesurer le réconfort que m'ont apporté tes deux commentaires si je savais qui tu es.

08 mars, 2006 13:54  
Blogger Solipsis' said...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

08 mars, 2006 21:37  
Blogger Solipsis' said...

Ne serait-il pas plus bénéfique de prendre comme il vient ce peu de réconfort que t’ont apporté ces commentaires, sans chercher à le mesurer ?
Je suppose que savoir qui je suis ne t’apportera pas plus de réconfort et imagine que cela ne t'animera pas non plus d’en savoir davantage sur mon compte, contrairement à un « putain de DVD » ou aux vertus procurées par un livre (vierge à nos yeux ou déjà lu).

Sans doute me serait-il pénible de tenir mon engagement, à savoir ne plus commenter, lorsque sensiblement j’en ressens le besoin. Hm.

08 mars, 2006 21:38  
Blogger Snoowflake said...

Anyway, merci.

08 mars, 2006 22:05  
Anonymous Anonyme said...

[6:56 pm] ... Et dans mon pessimisme inné, les battements s’accélèrent, je croyais ne plus jamais avoir l’occasion de lire de nouveaux mots.
Ce n’est pas ici, l’endroit adéquat pour ce genre d’élucubrations.

Si vous vous êtes (re)trouvées, je ne sais pas, cela ne me regarde en rien. Seulement je l’espère, pour toi (vous).

15 mars, 2006 18:54  

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