samedi, avril 27, 2013

Ces gens là


L'incroyable torture des jobs d'été.

Ca revient tout les ans, à la même époque, je me réveille en janvier, je me rappelle vaguement que c'est à ce moment là qu'il faut postuler pour les banques, et puis je me dis que je serai pas prise parce que je suis en lettres alors j'essaie même pas, et je me rendors pour 3 mois de plus en me jurant sur tout ce que j'ai de plus précieux que cette année je ne travaillerai pas dans un centre de loisirs, oh non monsieur, pas 10 heures de travail par jour pendant six semaines à faire ce que je sais le moins bien faire au monde c'est à dire faire semblant de m'adapter aux caractères divers et variés des autres. Parce que c'est pas du tout les enfants le problème, au contraire, les enfants sont une joie, un plaisir, et une vraie source de sérénité et d'amusement. Ni les adultes en fait, si je haïssais tout le monde, j'aurais déjà prétendu au suicide au cours des vacances scolaires de ces quatre dernières années. Non, non, c'est tout ces mots « cohésion d'équipe », « projet pédagogique » « accompagnement dans le jeu » qui me donnent envie de prendre mes jambes à mon cou et de supplier Ronald Mc Donald de m'engager, c'est moi qui le paierai. Pour être honnête, si, c'est un peu les adultes, on ne va pas se leurrer, je ne suis pas dans mon élément lorsque je suis avec plus de quatre personnes, de surcroit si je ne les ai pas choisies.
Alors NON, cet été ce ne sera pas pour moi. Sûr. Certain.

Et me voilà, le 25 avril, par une chaleur impossible, dans un trou à une heure de trajet de chez moi, à attendre furtivement derrière un buisson que l'heure du rendez-vous soit arrivé (si j'arrive en avance, on se dira « ah non, elle est à la merci des bus, elle nous embêtera toujours avec ses contraintes horaires »), j'essaie encore de me persuader que je vais passer un super été si je suis prise ici, j'essaie encore de me dire qu'au fond, ça a toujours fini par bien se passer, j'essaie encore, en passant devant la cour où tous les enfants s'agitent, de me promettre que non, ce n'est pas un mauvais signe que je sois entrain de prier pour que l'entretien ne m'oblige pas à interagir avec eux, là, tout de suite maintenant, j'essaie de visualiser mon compte en banque, de penser à comme je serais bien, avec des économies, un compte épargne dans lequel je puiserai un jour pour m'acheter une voiture. Plus tard je dirai à mes enfants « ma première voiture, je l'ai achetée avec l'argent de mes jobs d'été ».

A la sortie du centre, la chaleur n'est pas moins impossible, mon appartement n'est pas à moins d'une heure d'ici et j'attends le bus une demie heure en posant à mon esprit une question inédite « est-ce que ça serait capricieux de dire non ? ». Toutes les réminiscences de séries américaines, de « yellow pad » aux colonnes pour et contre me servent à structurer ce dilemme. Est-ce que j'ai besoin d'argent ? Oui, un peu moins désespérément que les autres années mais quand même. Est-ce que je pleurniche depuis fin mars pour avoir un job ? Oh que oui. Est-ce qu'il m'est déjà arriver de me dire « j'accepterais n'importe quoi, c'est que quelques semaines, le plus important, c'est de se faire du fric » ? Je suis de moins en moins sûre de m'être un jour dit ça. Est-ce que je vais supporter de travailler tous les jours de 7h à 19h, à des tarifs à des années lumières du SMIC, à être à la merci d'un bus de campagne qui m'assurera d'être toujours en avance puisqu'il est exclu d'être en retard, est-ce que je vais aimer présenter les activités de la journée en étant déguisée en clown tous les jours quand j'ai été habituée à faire ça «à la cool » en parlant, tout simplement, même dans les structurer les plus exigeantes ? 

J'aimerais dire oui, que rien ne me fait peur, que je ne fais pas ça pour l'argent, que j'aime les gens, que j'aime bouger, que je suis une fille dynamique, sportive, enjouée, qui n'a pas peur des trajets « oh non ça me dérange pas, j'écoute la musique et ça passe vite », que finir à 23h le jeudi pour les grosse réunions d'équipe, j'adore, « c'est un moment d'échange, on décompresse tous ensemble, on partage » alors que j'ai pour unique envie que de rentrer chez moi.

C'est triste à réaliser, à dire, à écrire que je suis comme ça, incapable d'envisager l'interaction avec les autres comme quelque chose de détendu et de facile, c'est tout le contraire. Paradoxalement je rêve d'être seule, d'éviter toute situation où j'aurais à m'intégrer dans un groupe, mais le rêve de savoir vivre en paix avec les autres, d'aimer ça, les grands rassemblements, d'aimer ça les principes d'équipe, de réunion, de cohésion, ce rêve là, il revient taper à la porte, de temps en temps, quand ce malaise me freine à dire oui à un boulot, quand il me fait réaliser que c'est complètement stupide d'être une misanthrope qui aimerait aimer les gens. En plus ce n'est pas que je les aime pas, j'aime mes amis, j'aime rigoler, j'aime tout ça et je suis même plutôt à l'aise pour parler, mais seulement quand j'ai une place bien définie.

Bref.

Je parlais du travail d'été. Je dirai sûrement non. J'espère que j'aurai ma chance ailleurs sinon ça sera bien fait pour moi.

Et puis de toute façon, si ça se trouve, je serai même pas prise.

mercredi, août 22, 2012

Suspicious minds

La nostalgie, c'est ma spécialité. J'ai souvent (trop) écrit sur des périodes passées de ma vie en me persuadant que j'étais une meilleure personne à ces moments là. Que les choses allaient mieux et que, d'une façon ou d'une autre, j'avais du tout gâcher.
Je sais bien que non, un rapide survol de ce blog suffit pour me montrer que je l'ai bien incarnée, cette ado pleurnicheuse, auto-centrée, groupie de tout ce qui tenait une guitare et une cigarette, et qui était persuadée de tout comprendre, de tout découvrir avant  tout le monde. Et au final, c'est pas plus mal de m'être sortie de ça, même si j'ai toujours cette tendance à l'introspection, à la dramatisation, j'en suis consciente, et j'essaie de la dompter, c'est un bon début, je crois.

Le vertige est grand, lorsque je constate le gouffre qu'il y a entre la vie que j'avais en novembre 2005, et maintenant, en août 2012. Sept longues années où je ne suis pas la seule à avoir changé. A l'époque, je tournais en rond dans un deux pièces en rez de chaussée à Athènes, à haïr mes semblables tout en les admirant et en priant pour qu'ils m'acceptent, je n'arrivais pas à me situer, je n'arrivais pas à savoir si c'était moi qui avais raison, ou bien eux. Aujourd'hui, le monde a changé, les réseaux sociaux m'ont permis de voir comment chaque enfant était devenu un jeune adulte, le jugement est toujours là, il est un peu plus renseigné, un peu plus douloureux aussi. Voir des gens beaux vivre une vie pleine de fêtes et d'amis, c'est plus concret que de m'imaginer la composition des week ends de mes camarades de classes. 
Aujourd'hui, je suis toujours au rez de chaussée, mais dans une seule pièce. Une seule pièce que je vais quitter dans une semaine, je ne tiens pas plus d'un an au même endroit, encore. Cette année je veux bien en rire, puisque c'est moi qui l'ai voulu, ce changement. Depuis que ce blog existe, j'ai changé de ville, ou de pays, tous les ans. Mes théories là dessus ont tellement arpenté mon cerveau, qu'elles me fatiguent. Mais les faits sont là, je pars, encore.

Il ne faut pas que j'oublie, en mettant à la poubelle tout ce que j'étais à 15 ans, de garder quelques reliques, quelques petites choses insignifiantes que cette évolution des choses a balayées. Je ne lis plus assez, je n'écris plus, c'est ce qui faisait mon plus grand bonheur, pendant ces années où je me donne l'impression de n'avoir rien fait d'autre que pleurer. 

C'est ma résolution, pour cette nouvelle année, pour cette (pas si) nouvelle ville, je vais ré-éduquer mon muscle littéraire et apprendre à refaire tout ça, peut être que la boucle sera bouclée, peut être que je me rapprocherai des meilleurs côtés de la chouineuse d'Athènes, et que ça ne sera pas aussi douloureux de jeter un regard sur avant.

mercredi, décembre 22, 2010

Get buzzed, get drunk, get crunked, get fucked up

Il y a quelques jours, je me suis réveillée, comme tous les matins de la semaine, pour emmener Adam à l'école et comme tous les jours, j'ai allumé mon ordinateur pour regarder si j'avais des mails ou si des choses intéressantes s'étaient passées durant ma nuit.
Ce blog est à l'abandon depuis des années, soyons honnêtes, il est donc rare que je reçoive quoi que ce soit le concernant. Ce matin là, une notification de commentaire (surement spammeuse, j'ai pensé) m'a donné l'occasion de lire la chose la plus méchante qu'on m'ait dit depuis au minimum six mois (ah oui la dernière chose qu'on m'avait dite qui pouvait se mesurer à ça c'était quand je me suis fait virer du centre aéré parce que j'étais trop dans l'individuel et ce genre de conneries de projets pédagogique de mes deux).

En moins de dix lignes, ce mystérieux commentateur m'a dit que j'étais égocentrique, manipulatrice, et surtout, SURTOUT, beauté de la chose, que j'avais encore du chemin à parcourir pour être humainement valable.

On admire ici la beauté de la formule, ces allitérations en -m et en -l, mmmh ça croustille à mes oreilles comme des chips oignon fromage, c'est KRO BO. Signant du doux prénom d'Anonyme, cette personne s'est éclipsé, sur la pointe des pieds, en se frottant les mains et en laissant échapper un petit rire machiavélo-satisfait avant d'aller certainement s'étaler du monoï sur les jambes en mangeant des crabes grillés ou je ne sais quoi à base de noix de coco.

Ah parce que je vous ai pas dit ? Les adresses IP, ça se géolocalise de nos jours, et quand on a autant de visites que moi (c'est à dire deux par semaines, qui sont arrivés là en tapant les paroles des chansons que j'utilise pour mes titres), on a pas besoin de faire des recherches trop poussées pour faire le rapprochement entre un commentaire aussi sympatoche et une île du Pacifique où je ne connais que quatre personne (dont une a 4 ans, l'autre n'a pas d'ordi et pas que ça à foutre de me stalker sur internet et la troisième est mon père).

La quatrième personne ne sera pas citée, ou même décrite parce que je suppute que c'est le fait qu'elle se soit reconnue dans plusieurs notes de ce blog qui l'a poussée à prendre ses petits doigts pour écrire sur son petit clavier que je n'avais aucune valeur humaine et que j'utilisais les gens comme des objets (LOLOLOLOLOL).

Simplement, si un jour on a l'occasion de partager un tajine aux pruneaux entre copines, je ne manquerais pas de lui demander si elle pense que sur la route qui mène à la légitimité humaine, elle estime que je me trouve avant ou après les gens qui trouvent ça KRO KOOL de laisser des messages méchants, injustes et puants sur le blog de quelqu'un qui a pas 20 ans et qui est donc encore entrain de construire sa petite tête et son petit corps et de pas avoir les couilles de signer de son petit nom !

Quant à l'histoire de l'égocentrisme. Euh, par où commencer ? Par le fait que c'est un blog ? Que j'étais une ado de 14 ans quand j'ai écrit la majorité de ces notes donc forcément obsédée par moi ? Que je le suis sans doute encore mais que je t'emmerde un peu quand même ?


Deux jours avant la lecture de ce message, j'avais écrit dans un petit carnet :

Est-ce qu'on peut trouver quelqu'un de plus égocentrique, j'en doute. Mais ça vient surtout de ces pensées violentes qui nous prennent tous un jour, alors qu'on n'a rien demandé "putain, j'existe, je suis, j'ai un corps, le seul fait que je sois capable de formuler ces pensées est un miracle et une chance que je ne pourrai jamais mesurer, jamais comparer à quoi que ce soit de connu" Ce genre d'extase, on l'a tous ressentie, un jour, on a tremblé, on a voulu en parler, on s'est ravisé et on est passé à autre chose.

Je m’arrête là parce que j'ai l'impression que me justifier serait une mauvaise idée, je suis égocentrique, pas narcissique, certainement pas. Mais je le sais, moi, que ce n'est pas une mauvaise chose, que je ne m'adule pas et que les gens sont très loin d’être des jouets. Si je me lançais dans une tentative d'explication que la majorité du temps que je passe en société, je le passe à me dire que je ne vaux rien comparée à ces gens, et que j'espère, j'espère vraiment qu'un jour je saurais comment il faut se comporter ou comment les autres se comportent, si je me lançais la dedans je serais trop imbue de moi même, alors bisous bisous et vive l'Océan Pacifique, l'endroit où tout le monde trouve bonheur et sénérité !

vendredi, juillet 30, 2010

Where every little thing had it's own secret life

Bon, je vais te parler franchement.

J'ai peur.

Oui, on sait, ça change pas grand chose, c'est devenu un blog de dépressive ici. Enfin avec le recul, ça l'était déjà avant mais c'est plus joli de lire les mots d'une déprimée de 14 ans expatriée que ceux qu'une déprimée de 18 ans qui a même pas l'excuse de ne pas être en France.

C'est mignon, une gamine triste, c'est poétique, ça écrit avec de la buée et des rayons de soleil, ça parle des odeurs et des sensations, c'est drôle et virginal.

J'ai peur parce que j'ai relu quelques commentaires de ces dernières années, sur ce blog, et une personne m'avait conseillé de ne jamais arrêter d'écrire, parce que sinon à 20 ans, je me demanderai comment j'ai pu écrire des choses aussi belles à 14 ans. Bon, j'ai pas 20 ans, mais j'en suis plus proche que de mes 14 ans, alors quand je mesure l'écho de mes mots ici, quand je touche du doigt cette impression que je n'ai plus cette valeur que j'avais quand j'étais encore la petite fille qui écrit bien pour son âge, j'ai peur que cette prédiction se soit réalisée.

Je n'ai pas vraiment arrêté d'écrire, pourtant, on me l'a peut être volé, ce truc que les gens qui me lisaient -qui aimaient me lire- ne retrouvent plus puisqu'ils ne viennent plus lire et me laissent toute seule ici.

J'ai peur d'écrire pour moi.
J'ai peur de ne pas être lue ? De ne pas être appréciée ? C'est ça ? Franchement, dis moi. Tu penses que ça a un lien avec tout ça ? Que c'est un sentiment d'amour qui te manque ? Que quand quelqu'un lit ton texte, et te le dit, ça veut dire qu'il t'aime ? Qu'il t'aime un peu, en tout cas ?

Récemment, j'ai reçu une lettre qui m'annonçait que la nouvelle que j'avais envoyé pour le concours du CROUS n'avait pas été sélectionnée. Cette nouvelle parlait de la peur du passage à l'âge adulte. Une peur qui m'est familière puisque j'ai l'impression de ne parler que de ça depuis que je me suis remise à écrire.

C'est comme un bouchon dans mon oreille, tellement épais qu'il m'empêche d'entendre la jolie musique, tu n'es plus un enfant, la compassion n'est plus la seule façon de te faire aimer, t'es plus un enfant putain, c'est normal maintenant, tout ce que tu faisais avant et qui impressionnait les gens, maintenant c'est normal pour ton âge. Parce que tu n'as pas évolué, parce que les années passent et parce que toi tu es restée bloquée dans cet appartement d'Athènes.

Les quatre années qui viennent de passer se sont écoulées comme du plâtre sur tes doigts, sur ton clavier de la rue Pangrati, un jour de mai 2006. Ta tête est restée là bas, figée dans l'espoir que tu grandirais en une personne dont tu serais fière, que cette difficile année en Grèce ne serait que le début de quelque chose de mieux, ça pouvait pas être pire.

Ça a été pire, Margaux, à la seconde où tu es arrivée en France, ça a commencé à être pire, ça n'était plus un problème d'être trop ronde ou de ne pas te faire d'amis, c'est devenu tellement pire que ça, que tu n'arrives même plus à en parler et qu'aujourd'hui tu sais que ce qui s'est passé t'a changé pour toujours, la seule chose dont tu as peur, Margaux, c'est que ça t'ait changé en une mauvaise personne.

Mais tu finis par voir le bout, ce soir j'ai relu quelques notes aussi, j'ai pas relu celle sur l'Angleterre, je la connais par coeur, c'est moi qui l'ai écrite. Tu dis que tu veux habiter en Angleterre, tu le dis depuis que tu as 12 ans, dans 28 jours, tu pars habiter en Angleterre, enfin.

Me dis pas que t'as peur, là encore ?

mardi, juillet 27, 2010

You're looking pretty suspicious

Qu'est-ce qui est le plus dur ? Mourir ou voir mourir ?
Je peux répondre à cette question, je peux théoriser la terre entière, je peux comprendre tous les comportements, je vous le promets, je sais tout, je vois tout, c'est trop facile de comprendre. Pour la même raison que chacun prie son dieu, pour la même raison que le communisme n'a pas fonctionné, pour la même raison que l'on continue de faire des enfants.
On est des humains, on ne vit que pour une chose, une seule. Nous.

J'ai compris pourquoi les gens ont fait ce qu'ils ont fait et pourquoi je fais ce que je fais maintenant, c'est trop clair, presque éblouissant, la plupart des gens sont éblouis, la plupart des gens ne le voient pas, ne comprennent pas, pleurent, font « oh la la » parce que c'est aussi dur de se regarder dans un miroir sans maquillage, sans coiffure, sans soin de la peau, des dents, tel que l'on est tout simplement.

L'être humain est une créature peut être fabuleuse et exceptionnelle à un niveau biologique, mais aussi profondément dégueulasse, j'en suis convaincue, plus jamais je n'accorderait de crédit à quelqu'un qui qualifiera quelqu'un d'autre d' « inhumain » parce que tout ce qu'englobe ce mot est justement ce qui forme la part la plus humaine d'entre nous.
Arrêtez de vous poser la question. Oui vous auriez collaboré, oui vous auriez regardé le roi se faire couper la tête, oui vous auriez fermé votre gueule si vous aviez su que le tabac vous rendrait riche. Moi aussi. Elle aussi, et lui aussi.
Oui, on passe son temps à faire mal aux gens. Pas parce qu'on est méchant, pas parce qu'on est des monstres, mais parce qu'on a tous trop peur d'être malheureux, on est tous des gros égoïstes, c'est normal. Même les gens les plus altruistes de l'histoire, j'en suis convaincue, ont fait ce qu'ils ont fait pour leur gueule, et puis c'est tout, parce que c'est important de se sentir utile.
Aucune action n'est désintéressée, aucune.

Les chansons ne durent jamais assez longtemps, les nuits ne sont jamais assez calmes, je ne comprends jamais assez vite, il ne fait jamais assez beau au bon moment,
J'ai une impression de gueule de bois à chaque fois que je me réveille, tous les matins, tous les après midi, je me demande encore ce qui est le plus flippant entre mes rêves remplis d'immenses églises, de stations de ski abandonnées, et l'idée que ce n'était qu'un rêve, que je reviens à la réalité à chaque fois.
Tout a une fin, comme quand j'étais gamine et que je respirais l'odeur du saucisson jusqu'à avoir l'impression de l'avoir épuisée, ou quand les chansons les plus extraordinaires finissent par perdre de leur magie. Il n'y a que les pires choses qui ne prennent pas fin. Quand j'étais petite et que je pleurais devant la très belle musique parce que je me disais que rien ne serait jamais aussi beau pour moi, mais avec un sourire parce qu'au fond j'étais pas vraiment très sûre.

Maintenant je suis sûre, alors je pleurs même plus.
Je peux pas vivre une aventure de fauchée dans un autre pays, dire fuck, un lundi matin et partir en sachant que quand je reviendrai, on sera en colère contre moi mais content de me revoir. Si je fais ça je n'aurais nulle part où revenir, personne pour m'attendre, désolée.

samedi, juillet 03, 2010

It's strange but it's true

http://margauxturningb.blogspot.com

jeudi, avril 01, 2010

But I thought this wouldn’t hurt a lot, I guess not (alcohol)

[ Les pensées, les émotions toutes nues, sont aussi faibles que les hommes tout nus, il faut donc les vêtir - Paul Valéry ]

Quand on est jeune, on est con, c'est pas moi qui l'ai dit, c'est Damien.

Tour à tour, je suis conne parmi les connes, puis -comme on le fait tous à un moment où à un autre- je me détache du troupeau, je vais m'asseoir sur une pierre en broutant une herbe immaculée, et je regarde.

Quand je regarde, je n'ai pas peur. Pas comme ma mère qui parle des jeunes avec des crucifix dans les yeux tellement elle est scandalisée par nos agissements. Pourtant, elle est loin d'être une coincée. Quand je parle des jeunes, je ne sais pas encore de quelle tranche d'âge je situe les bornes. Bien que cette connerie vénéneuse et virale contamine la majorité d'entre nous à l'adolescence, j'ai l'impression qu'elle déborde sur les plages de l'âge adulte, en vague vigoureuses.

J'ai l'impression, donc, que cette connerie touche à deux domaines majeur : l'alcool, et la musique.

Le sexe, biensûr aussi, mais je classe cette obsession autant dans la catégorie musicale qu'alcoolisée, elles même se recoupant parfois. Comme quoi, nos activités en société sont loin d'être subtiles.


La journée, tout le monde à la maison, à la fac ou au lycée, sur une terrasse avec une grenadine où au travail, il semble que seuls nous même ou nos amis comptent. A Montpellier, on marche, on prend le tram, téléphone dans une main, musique dans l'autre. Certains originaux tiendront un livre à deux mains. Une fois la nuit tombée, se pose l'hémistiche de l'alexandrin quotidien. Nos six premières syllabes sont structurées, les six dernières, quand on est jeune et con, sont pour le moins bizarres.


En effet, au lendemain de certaines soirées alcoolisées (non Saint Patrick, c'est pas de toi que je parle) j'ai l'habitude de consacrer quelques secondes à ma contemplation dans le miroir et à me demander pourquoi. Pourquoi je me suis trouvé si drôle hier soir, pourquoi j'ai cru logique de me planter devant le tramway et d'imaginer à haute voix les discussions entre le conducteur et les agents de service, pourquoi tout le monde était dans la rue un mercredi soir du mois de mars ? Pourquoi un jour de Saint Patrick ? On aurait pu déclarer Sainte Marguerite jour festif.

Parce que la bière. Bon, j'apprends rien à personne, la bière, ça excite les foules et c'est certainement pour ça qu'il y a plus de monde aux festivals de musique estivaux qu'aux rassemblement du MRJC.

Il n'est pas rare, pour n'importe qui, de rencontrer sur facebook des statuts du type « gé tro envi de mmetr la min ki é cho ? » ou « Migraine...trop d'alcool hier lol ». Bon alors, on a beau savoir que l'acool rend con, peut vous tuer sur la route, peut vous faire vomir en public ou vous donner un lendemain difficile à gérer, on continue, depuis la nuit des temps, pourquoi ?

Au risque de tomber dans le pathos en remettant en cause les considération du jeune français (je parle de ce que je vois, je ne doute pas que les choses trouvent de l'écho dans d'autres pays), quand je regarde le miroir, le jeudi matin, 15h30, je me demande, surtout, pourquoi on était tous dehors à boire. La Saint Patrick est un cas à part, il est peut-être pertinent de placer ce questionnement un dimanche matin, à 15h30, plutôt.

Parce que c'est la même chose à chaque fois, le début de soirée est sympa et on boit des bières à une terrasse, et puis on a tous une bouteille d'eau minérale qui sent pas l'eau minérale dans notre sac, et puis vers 23h, tout le monde commence à trouver ça plus simple de discuter dans la rue. Et puis il y en a qui vont danser, d'autres qui restent près des fontaines pour faire les cons. Ça y est, l'apogée est atteinte vers minuit, à peu près tout le monde est bourré et la suite de la soirée appartient à chacun, ça serait compliqué d'en faire un résumé.

Moi je me demande pourquoi on boit. A première vue, c'est pour être heureux, détendus. Est-ce que nous, on ne sait pas être heureux par nous même ? Est-ce que pendant le temps que dure notre sobriété, on est malheureux ? Ou est-ce que le contexte du samedi soir nous pousse à contracter un autre genre de 'bonheur' ? En boîte par exemple, un type qui vient de battre son propre record à Donkey Kong, une fille qui a eu 14 en Histoire littéraire et la bande de mecs qui ont gagné leur match de 46ème division contre Lunel, tout le monde s'en fout, à priori. On est là pour être beau malgré le flot ininterrompu de corps contre le notre et la musique tellement forte qu'elle nous ferait presque transpirer.

Pas mal de gens connaissent la chansons de Stromae, et pas mal de gens vont danser sur cette chanson, dans les fêtes, reste à savoir si pas mal de gens auront un goût de malaise dans la bouche s'ils arrivent à entendre les paroles.

Alors le seul bonheur qui vaille, dans ce monde là, c'est la désinhibition. OUI l'alcool désinhibe, je sais que tout le monde le sait, que c'est limite écrit sur l'étiquette.

Mais la question c'est pourquoi a-t-on besoin de se lâcher ?

Pour choper ? Ben oui, si un garçon, midi et quart, marche dans la rue, attrape une fille par la taille et lui roule une pelle, tout ce qu'il récoltera, ça sera une claque de la jeune fille, et un fourgon de flic près à l'accuser de crime sexuel. Au Macumba, non seulement ça sera un mec vachement audacieux, et en plus, il risque de rentrer à la maison avec la fille (bon, pas si c'est François Xavier Demaison, hein).

Donc voilà, revenons en à nos cours de philo de terminale, chacun cherche le bonheur, le bonheur c'est l'amour, l'amour c'est être capable de se lâcher pour aborder la fille/le mec qui nous plait.

Pour rigoler, simplement ? Ben oui, faut croire que le collège c'est bien fini, à l'époque, on se contentait tous d'un après midi au skate park et d'une bouteille d'Oasis avec des Granola, on s'empressait d'en faire le résumé dans notre journal intime une fois rentrés à la raison, parce que, franchement, il y avait rien de mieux.

Mais qu'est-ce qui change ? Entre ces deux conceptions du bonheur ? Qu'est-ce qui pourrit dans notre tête, pour rendre nos moments d'exaltations moindres, si ce n'est sales. Tout me parait sale dans la beuverie, la pisse en public, le vomi derrière les poubelles, les tronches sur les photos, les mots qu'on aurait aimé ne pas dire, les messages qu'on aurait pas du envoyer, les filles qui se cassent la figure sur leurs hauts talons, les mecs qui font peur aux filles, tard le soir, les voitures qui partent dans le décors. Il y a pas grand chose de drôle là dedans.

A part ce qu'on génère, nous, les blagues qu'on fait à nos amis, et la chorégraphie du robot sur toutes les chansons des années 90's. Est-ce que les gens oublient qu'ils sont pas drôles et qu'ils ont pas la vie qu'ils voudraient, quand ils rigolent à tout et n'importe quoi sur un air de David Guetta ?

Donc quoi ? On est en 2010, on est tous pourris jusqu'à la moelle ? C'est parce qu'on est la génération qui a vu naître Google et les iPhone que ça se passe comme ça ? Ma mère ne buvait pas et mon père ne me parle pas de sa jeunesse, mais j'aimerais bien savoir, ça a toujours été comme ça ou on est les premiers ? Est-ce que la phrase type « l'excès de nouvelles technologie, au lieu de favoriser le contact, l'a plutôt annihilé ? » a ici une place ? La seule façon de trouver l'amour sent l'alcool et le vomi ?