mardi, février 28, 2006

A list of things we said we'll do tomorrow

Pour certains, le mal de notre siècle, c’est l’évolution. A ce propos, vous pourriez lire un texte rebelle traitant de la manipulation latente et dans laquelle on baigne inconsciemment depuis toujours (mwahaha) si vous aviez mon cahier sous les yeux (càd, celui que vous n’avez pas).

Pour d’autres, ce sont les espèces de pustules rougeâtre qui pointent sur le menton des vieilles, quand on fait la queue, au cinéma, et qu’on a une envie incontrôlable de titiller, avec un crayon ou une aiguille, histoire de voir aussi ce qu’il y a à l’intérieur.

Il y a aussi ceux qui pensent que ce sont les adresses e-mail de vingt kilomètres affublées de « _ » et de mots dont on ne se rappelle jamais (exemple innocent : although, dites moi que vous l’écrivez à chaque fois sans hésiter).

Mais il existe une catégorie beaucoup plus rare, beaucoup plus puissante, beaucoup plus mystérieuse, qui se tapit dans les ombres de cavernes sordides, sur les côtes de l’Ecosse, se nourrissant de cailloux et bavant continuellement, faisant descendre et monter sa salive collante le long de son menton. Mais ils se sont arrêtés jeunes. Quand même.

Cette espèce donc, depuis longtemps exilée de la société à cause de ses idées extrêmes, considère que le fléau à éradiquer se concentre dans un seul mot, deux si on veut centraliser les regards accusateurs : (mes) Gloussements.

Un gloussement, est par définition, emprunté au dindon. Si, si, c’est ce mot que vous cherchez toujours en ayant l’impression de passer à côté, non, les dindons ne glougloutent pas, si je le dis, ils gloussent et leur cou est rose, pendant et décharné. Donc un gloussement n’est pas, par définition, spécialement flatteur. Ce sont ces espèces de bulles qui remontent en se bousculant le long de votre gorge avant de s’embouteiller au niveau de vos amygdales (si vous n’en avez plus, dites vous que c’est là où j’ai deux énormes machins ronds et rouges qui me font souffrir le martyr dès qu’un coup de vent a le malheur de rencontrer mes pieds Allemands) et de sortir cinq par cinq, bras dessus bras dessous.

Dépassant la vitesse du son, elles fracassent l’air dans ce tintinnabulement au moment précis où elles dépassent vos dents, à toute allure, l’air déterminé vers le néant. Mine de rien, les pestes se marrent bruyamment dans le vide, mais il est quand même rare qu’elles soient là sans raison. Evidemment, il y a un certains risque à passer pour la personne la plus niaise qu'il ait été donné à votre entourage de connaître. Pour le voir de loin et espérer l'éviter, il y a quelques règles de base à bien connaître.

  • La discussion particulièrement mal tombée. Par exemple le matin, au lycée, quand ni l’un ni l’autre n’a envie d’être là, mais que pourtant, ils sont persuadés que ça fera plaisir à l’autre. Pour détecter ledit cas.

« -J’aime bien tes boucles d’oreilles. Tu les as achetées où ?

- Au Mall.

- Ah ouais ?

- *Gloussements*. »

  • La discussion particulièrement mal tombée. Par exemple, vous êtes entrain de faire quelque chose (activité quelconque, pas de panique) et un petit malin (un nain Espagnol à voix racornie par exemple) s’amène, sur ses touts petits pieds et vous fait des compliments en rafale, avec l’air de poser une question à chaque fois :

« - Waw, tu dessines trop bien ?

-Merci.

-Sérieux.

-Ben merci.

-Sérieux.

- *Gloussements* »

Oui, j’y arrive tôt ou tard.

  • La discussion particulièrement mal tombée. Par exemple, deux des pires traîtres vivant encore sur cette planète ont décidé de se retrouver dans le même pays, dans la même ville, dans le même périmètre de 10 mètres, dans la même pièce, dans le même emplacement prévu au départ pour une seule personne. Et puis vous vous mettez en tête d’organiser un entretien téléphonique dont vous savez à l’avance qu’il vous provoquera une alerte de tachycardie niveau 8. Les gloussements ont une fréquence de 1/5, avec des passages où ils font carrément état de fond sonore. Le flux des bulles s'acroît considérablement avec une augmentation sur l’aigu et le ridicule qui semblent s’émaner de vous.

Après, le gloussement peut aussi être une arme. Par exemple, vous venez de passer dix jours de vacances à vous répandre du siège de l’ordinateur à votre lit, en laissant quelques tâches sur divers pinceaux/DVD/crayons/livres, et vous avez quand même trouvé le judicieux moyen de ne pas chercher le cosinus de IF/IL. Exploit, d’accord, mais apparition alarmante de la veine sur la tempe de votre innocent professeur de maths. Vous pouvez décider de profiter de la situation et de faire croire que l’exercice est bel et présent sur les pages de votre cahiers, mais vous pouvez aussi être aussi bête que moi et être la seule à lever le doigt pour avouer votre crime

Au moment crucial où la veine se retire pour laisser entrer la mâchoire en action et que les mots « Et pour quelle bonne raison ? » raisonnent dans le silence glacial de la salle 417, les gloussements viennent toujours à la rescousse, perdus dans un délicieux « J’ai pas de bonne raison ». Il y a de très bonnes chances pour que ledit professeur croie avoir à faire à une retardée et vous laisse tranquille pour le reste de l’année.

Mais il ne faut pas oublier qu'avant toute chose, le gloussement est un fléau. Une peste du XXIème siècle, une disette de l'estime, une épidémie de la bouche, une famine du bon goût. Elle guête toujours dans un coin, prête à surgir lorsqu'elle aura le plus de chance pour se faire remarquer. S'enroulant le long de votre nerf optique quand l'Homme Parfait fait une apparition en cours d'Art Plastiques, s'alliant bassement avec votre pinceau pour se rebeller contre vos petits doigts potelés, glissant le long de votre canal nasal en injectant au passage quelques grognements, et laissant agir tout son venin au moment où il ne doit absolument rien se passer, au moment ou l'Homme Parfait doit poser les yeux sur votre toile et s'extasier devant votre talent, vos doigts blancs, vos cheveux délicatements décoiffés, tomber amoureux de vous, vous demander en mariage, là, un genou dans la peinture. Se cachant derrière votre glotte, se balancant de temps à autres, en choeur, pour défier l'estomac, faire le tour de votre bouche en s'accrochant à l'intérieur de vos joues, quand vous êtes entrain de parler à cette fille qui a mis de côté sa politique de "J'insulte tout le monde sans raison, ça vaut tellement mieux" et qui est aujourd'hui presque prête à vous écouter jusqu'au point, sans vous traiter de conne, elle glisse le long de la langue comme sur un toboggan nautique et sort juste au bon moment, son armée derrière elle, en poussant un cri de victoire pendant que le verso de la fille déjà loin laisse deviner un recto afligé et un intérieur suintant l'activité neuronale de type "Comment peut on avoir un rire pareil ? Cette fille a un gros problème" quinzième du nom. S'aggripant à votre fourchette et remontant le long de vos doigts avec l'agilité dont seul le Mal en personne peut faire preuve, trotinnant sur votre avant bras, rebondissant sur votre coude, sautillant sur l'épaule dans une danse narquoise pour finir par se balancer sur la première mèche et sauter à l'intérieur de votre oreille lorsqu'une entrée se dégage. Elle tapisse vos tympans de cette substance, appelée, dans le jargon scientifique ; "la bonne humeur", elle en fait un peu couler sur le bulbe rachidien et après s'être assuré que vous trouverez drôle tout ce qui arrivera à la hauteur de vos oreilles, elle se laisse tomber jusqu'à l'estomac et fait s'armer des dizaines de régiments prêts à ser vir.

Je propose une cottisation de niveau urgent pour mon exil prochain en Ecosse où j'espère retrouver les miens et pouvoir m'adonner à une lutte en profondeur des gloussements.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Huhuhu.

28 février, 2006 20:47  

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