dimanche, avril 09, 2006

We hope that you choke, that you choke.

[ The first time, it happened too fast. The second time, I thought it would last. We all like it a little different ]




J’ai envie de parler de musique. J’ai envie de pouvoir faire comprendre l’effet que me fait une voix monotone sur un rythme effréné, des doigts qui se déplacent tellement vite sur le manche d’une guitare qu’on se demande si ce n’est pas un spasme, une ligne de basse qui parait si évidente tout à coup.
Ca m’arrive, comme ça, d’écouter tant de fois la même chanson que je la connais par cœur en une soirée ( Hawaii ), ou de me rendre compte qu’une performance me donne des frissons ( Take It Or Leave It ), comme ça, sans raison, ou peut-être avec raison justement. Parce qu’en arriver à jeter son micro, à tirer sur ses vêtements, à se déformer le visage en disant juste quelques mots, c’est avoir vraiment compris que la musique, c’est dingue.




C’est la musique qui, mine de rien, rapproche tout le monde. Tout le monde aime la musique, tout le monde. Il y en a qui mettent juste la radio pour ne pas être seul avec leur casserole, quand ils attendent l’ébullition. Il y en a qui mettent tout en œuvre pour faire partie de l’ébullition. Et même si j’ai l’impression de le dire incessamment depuis que j’ai eu cette cassette de l’alphabet musical, l’ébullition, je la ressens vraiment, et je m’en lasse pas. Dans ces millions de petites bulles, je trouve ce qui manque au quotidien, numéro 25. Je ne me lasse pas de me fasciner pour les chansons, ces petites choses de trois minutes, où tout ment, où tout est juste éphémère et incroyable, comme quelque chose extrait d’un tout beaucoup plus grand et plus profond et tu sais que plus c’est rare, plus c’est précieux. Et comment une chanson peut avoir une atmosphère, t’envoyer des petits points rouges, ou des cercles retro roses et blancs, ou te faire penser à un après-midi allongé sur ton lit, à te demander si tu seras malade, si tu iras à la plage. Et comment un simple objet. Une simple chose peut avoir la même portée qu’une chanson, de l’autre côté du réel, de la pensée palpable, des émotions à diffusion rapide. Comme une guitare, pas dans n’importe quelles mains, pas surplombant n’importe quelles jambes, pas avec n’importe quels doigts. Et puis les mots aussi, les mots qui, prononcés par une autre bouche n’auraient pas eu le même pouvoir, pas entourés des mêmes, pas sur le même ton, pas avec la même volonté ou même manque de volonté. Comment ces gens peuvent s’infiltrer dans tes sentiments et te les voler pour les mettre sur une partition, et te les rendre sous cette forme. Un micro climat à usage unique.

I say the right things but act the wrong way

I like it right here but I cannot stay
I watch the TV; forget what I'm told
Well, I am too young, and they are too old
Oh, man, can't you see I'm nervous, so please
Pretend to be nice, so I can be mean
I miss the last bus, we take the next train
I try but you see, it's hard to explain



Et puis la réalité revient. Celle où je peux pas dire ça dans tous mes devoirs de maths et autour de tous nos sandwichs jambon fromage. Celle où je dois me contenter de le penser, sans savoir si après tout, tu me prendrais pour une cinglée. Juste histoire de savoir si je suis la seule à qui ça fait ça. Ca m’inspire un seul mot, un mot que je dois arrêter de dire parce que c’est une grossièreté mais qui est pourtant le seul à contenir toute la fascination, et l’interrogation, et la révolte pas trop violente, et la torture que me provoque la simple pensée que c’est impossible d’exprimer ce que m’injecte la musique. Et impossible de comprendre ce qu’elle t’injecte à toi. Je crois que simplement, la musique, ça me fait devenir qui je voudrais être et c’est irrévocable, je dis la musique parce que je m’étais jurée de ne pas citer de nom propre, mais en même temps, la musique, c’est ma musique. Ca inclut rien d’autre. Ca inclut ce qui me fait fermer les yeux, ce qui m’allonge par terre ou qui me fait enfin taire un moment, ce qui me ferait dire « Oh god » si j’étais américaine, ce qui me fait chercher les lignes de basse. Je sais que j'ai déjà parlé de la basse. J’ai une obsession avec les lignes de basse. Depuis que j’ai entendu celle de Reptilia ( tant pis ), je passe mon temps à les chercher, et j’ai beau dire que ça m’amuse follement, je suis la seule à partager cet engouement.

Mais j'aime ça parce que c'est la seule chose qui dure depuis toujours et qui durera toujours, je m'emballerai pour quelque chose et pour autre chose, et pour autre chose, et à chaque fois je dirai qu'on ne peut pas faire mieux, qu'il n'y a jamais eu mieux, qu'il n'y aura jamais mieux, et à chaque fois je trouverai quelque chose de mieux et je recommencerai tout du début, et je garderai les autres en mémoire, et je les aimerai encore parce que je suis pas ingrate et que j'ai de la tendresse, et que quelqu'un qui est capable de composer de la musique est quelqu'un qui a de la place dans mon affection, et que --


[ EXIT ]

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Petite crise des Strokes ? ^^


Tu écris toujours aussi bien au passage :)

11 avril, 2006 18:12  

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