mardi, novembre 22, 2005

You can even lick your fingers

C'est vraiment très triste de lire autant de bêtises.
Entre les 'Kate Moss est narcissique c'est mal' et les 'Ce disque est mal enregistré, on se fout de notre gueule' j'ai juste envie de demander ce qui ne va pas dans la tête des gens. Envie de demander pourquoi on encense tout ce qui plait, pourquoi dès qu'il se présente un risque d'entrer dans le moule, on se dépêche rapidement d'en sortir avec des arguments de seconde main, pourquoi, pourquoi si l'artiste a fait deux fois la couverture de Closer il faut l'appeler phénomène de foire et oublier tout ce qu'il valait quand c'était encore un -presque- inconnu.
Je m'étonne d'avoir de telles bouffées de haine mais j'estime totalement révoltant de lire des énormités pareilles tous ces cons qui font leur cheminement de groupie et qui, le jour venu, se disent déçus, très déçus j'ai envie de leur lancer leurs disques des Clash à la gueule et de les renvoyer là où la nouveauté ( oui, celle qui implique enregistrements mal foutus et voix fatiguées ) se limite encore à la musique qui se trouve être leur point de référence, bien malheureusement, c'est à dire dans les années soixante dix.
J'ai envie de dire que ceux qui ne supportent pas ce qu'est devenu le rock n'ont qu'une chose à faire, ne pas s'infliger cette souffrance, et ils deviendront ces gens sensés qui choisissent autre chose.

Down In Albion m'a emballée, j'admets volontiers que je n'aurais certainement pas accroché si il n'y avait pas eu les Libertines, si il n'y avait pas eu Pete Doherty mais justement, ils étaient là. J'ai abordé ce disque comme j'ai trouvé le plus sage de le faire, c'est à dire sans rien lire avant, en écrivant mes impression à l'instant même où je découvrais les chansons, avec souvent le sourire. Je n'ai pas eu peur un instant, je ne pouvais pas être déçue. Moi aussi j'ai pensé que toutes les chansons se ressemblaient à la première écoute, mais c'est toujours comme ça. Un album, c'est une pièce brute quand on avance comme ça, sans savoir, on ne peut pas prendre ses marques avant de les retrouver pour une seconde fois, c'est comme quand on regarde un film pour la première fois, c'est impossible de savoir quelle scène on aime tant qu'elle ne nous est pas familière. Cet album m'a intriguée la première fois, enchantée la deuxième et toutes les autres ne sont plus que la seule chose agréable qui me reste à l'heure qu'il est.
On n’en attend pas moins de Pete Doherty, on sent juste que c’est lui qui dirige, que les instruments vont en fonction de lui et pas l’inverse, c’est ça que j’aime, il a une voix qui s’approprie toutes les chansons, en appuyant comme il veut sur les mots qu’il aime, en expédiant ceux qu’il juge sans intérêt, sans jamais trop s’impliquer, sauf quand la phrase en vaut la peine, comme A way to make you toe the line qu’il a l’air d’affectionner tout particulièrement. Ou peut-être qu’il aime juste crier. Cette façon qu’a Pete de dire les mots en tordant la bouche. Pete est devenu indéniablement plus Rock’n’roll, il prouve que le garage, ça va bien deux minutes mais que les grosses guitares, il aime bien aussi, dans mon interprétation inexpérimentée, j’ai toujours vu la musique des Libertines comme un tissu troué où il n’était pas rare d’entendre des blancs et le vrai rock comme quelque chose d’uniforme, de compact, à plusieurs couches toutes superposées de façon à ce que tout s’enchaîne mécaniquement et sans coupures, Pete n’a jamais fait ça mais apparemment il commence à se pencher sur la question.