mercredi, novembre 09, 2005

Does anyone know you are going this way ?

[ So, so you think you can tell Heaven from Hell, blue skies from pain. Can you tell a green field from a cold steel rail? A smile from a veil? Do you think you can tell? And did they get you to trade your heroes for ghosts? Hot ashes for trees? Hot air for a cool breeze? Cold comfort for change? And did you exchange a walk on part in the war for a lead role in a
cage? How I wish, how I wish you were here. We're just two
lost souls swimming in a fish bowl, year after year,
Running over the same old ground. What have you
found? The same old fears. Wish you were here. ]

Il y a certains mots positivement hideux comme 'faible'. Si il y avait un concours des mots les plus gerbant de la langues française, je crois que 'faible' serait assis en tailleur en haut du podium, une couronne sur le point de son i et des bouquets suspendus aux branches du x. Il appellerait ses amis 'fragile' et 'souffrir', ils sortiraient du palais des congrès en riant aux larmes, une bouteille de Vodka à la main et s'en iraient faire la fête toute la nuit en pensant à tous les mots honnêtes qui dorment bien droit dans leur lit, la tête posée sur un oreiller qui sent bon.

En fait peut-être que l'auto-estime est un grand sapin. Oui, un sapin, vert avec plein d'épines solidement plantées. Alors considérez que dès que vous utilisez un de ces horribles mots, votre sapin perd une épine, votre auto-estime perd un peu plus de sa raison d'être et un jour vous vous retrouvez avec un tronc gelé, tout nu, en plein milieu de votre salon. Vous vous demanderez ce que vous devez en faire mais celui là, on peut pas le mettre sur son palier. Il faut aller au magasin d'épines qui se trouve très loin de chez vous, il faut acheter des épines artificielles de première qualité, de la colle et des vitamines qui coûtent très cher, il faut revenir chez vous, vous êtes chargés et ça prend encore plus de temps, puis vous collez une à une les petites épines après les avoir sorties de leur emballage individuel.

Mon sapin, il n'a plus d'épines depuis un petit moment mais je sais pas si c'est parce que j'ai trop abusé des mots qui puent. Non en fait j'ai dû perdre un cinquième de mes épines à cause de ça. C'est vrai que j'avais envie d'arracher mes ongles un à un, des les coller à l'envers sur les mauvais doigts, de les exposer au soleil pour attendre qu'il pourrissent quand j'utilisais ces mots, mais non, c'est pas ça. Hier soir, ma mère a fait une crise à propos de mon père. Well, c'est plutôt banal, quand on est adulte, on doit s'engueuler, sinon, on a un truc qui va de travers. Mais à un moment, elle a hurlé qu'elle allait mourir. C'est pas comme si c'était la première fois qu'elle disait qu'elle allait mourir dans quelques jours, depuis quatorze ans. Mais tout à coup, je me suis sentie terriblement démunie.

Je n'ai pas vraiment répondu, je n'ai pas vraiment crié, pourtant j'adore crier. Je suis sortie de la pièce où j'étais et je suis allée m'allonger, je me suis mise à pleurer, évidemment. Je pleure tout le temps, mais là, je lui en ai un peu voulu, parce que d'habitude, j'en rajoute, je bave dans mon oreiller et je trouve tout ça très artistique, mais là, pour la première fois, je n'avais absolument aucune envie de pleurer. J'ai compris quelque chose d'assez triste, ma mère est malheureuse, d'accord, c'est vraiment terrible pour elle, mais on dirait qu'elle a besoin d'en faire profiter les autres sous prétexte que 'personne ne l'a jamais écoutée et qu'on la maltraite depuis dix-sept ans'. Sauf que là, quand elle vient me hurler dessus alors que j'essaie de dormir, qu'elle déballe les horreurs que lui fait subir mon tortionnaire de père, je n'arrive plus à l'écouter.

Je pense au fait que j'ai l'air horriblement triste au lycée. Je suis incapable de dire bonjour à quelqu'un sauf que cela sonne faux. Dès qu'il y a un silence dans une discussion, la première pensée qui me vient, c'est que c'est de ma faute. En espagnol, quand je suis interrogée, je bafouille un mélange de grec et d'italien vaseux, je relève la tête et je ne sais jamais ce qu'on m'a demandé. C'est drôle parce que ce comportement pourrait être amusant si il était volontaire, mais en fait je ne fais vraiment pas exprès, je souligne la date et je fais des petits dessins à côté du vocabulaire.

Ma mère est hallucinante, elle a eu une vie formidable, elle a été abandonné, elle a fugué, elle a vécu en Inde, en Suède, elle a effectivement été relativement persécutée par tout le monde, mais malheureusement, elle commence à y prendre goût. Je vois presque qu'elle se sent rassurée quand elle me raconte qu'elle est tellement mal aimée.

J'ai un drôle de sourire, là.