dimanche, mai 18, 2008

Are you starting to change ?

Les comédies romantiques américaines, c’est comme ça qu’on les appelle, c’est ce qu’on va voir quand il n’y a que des drames français et des adaptations de livres avec des dragons à l’affiche, à côté. Daniel Auteuil et Albert Dupontel, on se les garde pour le dimanche soir sur le canapé familial. Quand il pleut et qu’on choisit le ciné comme solution de repli, c’est incontestablement les new-yorkais beaux comme des cœurs qui nous donnent envie de dépenser 9euros.
Ces films là, ils semblent faits sur un livre de recette, on connaît, du début à la fin, les ingrédients qui les composent, et, comme une tarte aux pommes dominicale, ils sont sucrés et familiers, mais un peu prévisibles.

Tout commence sur une vue aérienne de la ville. Immense et illuminée, de préférence, c’est pourquoi on se cantonne généralement à New York ou San Francisco. Les working girls sexys à la vie rebondissante habitant rarement à Lons-le-Saunier ou Yazoo City.
Quand le générique en est au nom des acteurs secondaires, on attaque sur la visite de l’appartement / du bureau / d’une rue encombrée de jeunes loups et bimbos en talon aiguilles, tous certainement bousiers ou avocats en plus de leur job de mannequin pour Calvin Klein. Au milieu de tout ça, on identifie vite l’héroïne, chargée d’un plateau de gobelets Starbucks, d’un Blackberry, d’un sac à main griffé ET d’une meilleure amie stylée à la répartie mécanique et efficace qui travaille exactement dans le même service qu’elle.
Attention , l’héroïne n’est pas trop belle au début, aucun intérêt, il n’y aurait pas de « Oh quelle beauté », au moment de la soirée de gala si on avait affaire à une bombe dès le début. Donc, la fille est bien sur elle, son corps néanmoins parfait caché par des chemises et des pantalons à pince. Après tout, elle va au travail, et la parfaite citadine, comme tout le monde le sait, possède 17 tenues différentes pour chaque situation de la vie. Après, seule l’histoire dira si on a affaire à une mocheté qui s’illuminera ou à une jolie effacée par une plus belle et plus méchante. Si elle doit être enlaidie par une coiffure banale, une bonne vieille paire de lunettes, ou PIRE, des vêtements mal ajustés, pas de soucis, les stylistes s’en chargeront.

Pendant ce temps, Jenny (on est tous d’accord pour dire que c’est un nom qui siérait aussi bien à Anne Hathaway qu’à Katherine Heigl ou Brittany Murphy ?) va travailler, et dans la vie de Jenny ; c’est rarement un sujet de tracas (ça, son appartement, et ses habits aussi). Elle est, au choix, journaliste, publicitaire, styliste, ou assistante, tout ça dans un open space gigantesque, des téléphones qui sonnent, des baies vitrées, et boiseries impeccables. Elle a beau être félicitée pour son sérieux, elle passe son temps à discuter avec son collègue gay (ça compliquerait l’histoire s’il était hétéro) à boire des Starbucks, ou à effectuer une mission en extérieur à Central Park.Elle travaille sûrement hors caméra.
Dans certains cas, où la vie au boulot représente plus de 30% de la matière de l’histoire, il existe une pétasse arriviste et perverse au bureau. Que ça soit clair depuis le départ ou révélé tardivement, elle est là pour piquer le mec et /ou empêcher la promotion. Elle remplit toutes les caractéristiques de Jenny, avec pour seule variante, la coupe de cheveux ou l’origine ethnique (mais là, c’est risqué).

Après la journée au travail on découvre l’appartement, parfait, évidemment, mais on y rajoute des briques apparentes, un fauteuil vintage ou une cuisine ouverte pour nous faire croire que c’est CA, un appartement bon marché à Manhattan.
Fermez les yeux, imaginez là, fraîche comme une salade de fruit, après une journée au bureau, ouvrir sa porte d’entrée, encombrée de vêtements récupérés au pressing, de clés carillonnantes et d’une masse de courrier coincée dans la bouche, un coup de pied dans le battant, un coup de coude sur l’interrupteur et on envoie valser les achats de la journée sur un fauteuil avant d’appuyer sur la fameuse touche du répondeur en haut parleur.
Trois messages (toujours un de maman sinon ça fait pas naturel) écoutés en préparant le thé, en faisant couler le bain. Jamais de télévision, elle n’a pas besoin de compagnie audiovisuelle pour se sentir bien chez elle. Elle recevra certainement un bouquet de fleurs ou la visite d’un voisin charmant dans la soirée, de toute façon. Si on a été attentif aux dix premières minutes, on connaît déjà la visage de l’Homme.
Si c’est un cynique taquin et indélicat, on l’a vu traîner au bureau ou une soirée, si c’est l’inattendu, l’imprévisible, il la côtoie certainement sans la voir (d’où l’utilité de la coiffure banale), s’il est nouveau dans sa vie, elle est la seule dinde à ne pas voir qu’elle est déjà folle amoureuse de lui. Généralement, elle l’envoie balader une quinzaine de fois malgré son charme fou, avant qu’ils se retrouvent dans une situation où ils sont bien obligés d’admettre qu’ils sont affreusement sexys, jeunes, riches et attirés tous les deux.
Le lendemain, évidemment, elle se réveille mais n’a PAS de croûte sous les yeux ou de mascara sur le menton, lui, a une serviette autour de la taille, prépare le thé ou est déjà parti, mais n’a pas oublié le petit mot sur l’oreiller (qui, bien sûr, n’est ni tombé, ni écrasé par le coude endormi de Madame).Bon, en général, le mec a un appart de folie, c'est pour ça qu'il est si innacesible, on nous apprend donc, en une fois, que :
les filles préfèrent les riches
les filles dorment comme des grosses jusqu'à pas d'heure.

Une fois toute la petite vie exposée, accompagnée d’un tube un poil indépendant, place à l’élément perturbateur. MONDIEU, l’arrivée d’un envahisseur, remise en question du mode de vie, promotion vitale au travail, ou pour les plus feignants, nouvel homme dans la vie.
Le schéma est le suivant.
Vie proprette.
Vie proprette avec un petit manque, cependant.
Souci.
Souci empoisonné.
Accalmie délicieuse.
Enorme trahison avec aucune chance d’explications pour cause de départ lointain, spontané et sans appel.
Mission impossible incluant discours au micro en tenue de soirée, avion de dernière minute, ou retour sur les traces de l’enfance (oui, on peut retrouver quelqu’un sur une plage ou dans un cimetière à une heure aléatoire, sans rendez-vous préalable).
Remise en question sérieuse.
Baiser langoureux et déboulement de toutes les solutions à l’inextricable problème.

Tout cela est dosé avec 2 ou 3 soirées dans des bars branchés, absolument AUCUN repas pris à l’appartement, un week-end à la campagne (ou à Atlantic City), des tenues de couturier pour le jogging du matin, des boucles parfaites à quatre heures du mat’ après la soirée, une scène où l’on peut constater à quel point elle est belle même trempée par la pluie, un cours de yoga, des parents délirants mais qu'est-ce que c'est chiant les scènes avec les parents, un secret d'enfance, un restaurant japonais, des tenues interminables de bon goût malgré la situation tout à fait modeste de Jenny, et une meilleure amie délurée qui finira certainement avec un chauve à l’inévitable gala de fin de film.

vendredi, mai 09, 2008