dimanche, août 13, 2006

I'm trying hard not to realise

J’ai l’oreille droite tellement bouchée que je doute pouvoir la récupérer un jour.
Hier, un nouvel évènement a fait son entrée dans le panthéon des plus beaux moments de ma vie.
J’ai vu Adam, j’ai vu Julian, j’ai vu Nikolai, j’ai vu Nick, j’ai vu Albert, j’ai vu Fabrizio, de mes yeux, vus.
Je suis maintenant environ soixante fois plus amoureuse d’Albert .
Je peux commencer par le début et par dire qu’à 18h, nous étions dans le métro à nous éventer et à suer à grosse gouttes. Pas pour l’excitation, pour la chaleur de folie qui plane sur Lyon. Claire ne cessait pas de répéter qu’elle avait chaud, qu’elle avait sommeil, qu’elle préférerait être chez son père, tandis que je n’aurais préféré être nulle part d’autre. Par chance, je n’ai pas eu le cœur déchaîné tout au long du compte à rebours interminable comme je le redoutais. J’ai échappé aux 15 crises cardiaques pendant la montée en funiculaire au théâtre romain. Je suis tellement heureuse que ça ait été là, je ne peux pas penser à un endroit mieux que Fourvière.
Arrivées devant l’entrée, il y avait déjà une cinquantaine de personnes assises dans la file à commenter les coupes de cheveux des Strokes et à mesurer implicitement la force de leurs converses. Cliché mais vrai, concentration impressionnante de Converse au mètre carré.
Les gens étaient moins beaux qu’aux Arctic Monkeys, j’étais heureuse. Fabrizio et Adam Green sont passés dans le secteur mais j’ai eu le sentiment que si je me levais en beuglant « où ? où ? », j’allais écouler trop vite le stock de dignité dont j’allais avoir besoin pour la suite .
Trois quarts d’heures et deux faux espoirs plus tard, ouverture des grilles et précipitation de tous les geeks sur place depuis midi. Emplacement de nous, extrême droite, sous les enceintes, contre les barrières.
Assez près pour observer Albert.
L’attente a été adoucie par la bonne musique passée mais mise à l’épreuve par une guêpe qui tournait furieusement autour de notre sandwich, la fourbe s’est acharnée sur Claire pour au moins une demie heure.
Après une heure, on a commencé à installer les saxophones, les guitares, et l’idée qu’Adam Green serait bientôt là commençait à me lanciner les tempes. Heureusement il n’a pas trop fait son New-Yorkais et est vite arrivé. Fausse entrée, d’abord, démarche de touriste, regard souriant, mains qui pendent, il observait plus le public qu’autre chose. Quelques minutes après, le vrai concert a commencé, le son était ignoble de là où nous étions, voix grésillante et instruments tellement fort qu’on a tenté les boules quiès avant de constater l’air con qu’elles nous donnaient.
Malgré ça, c’était Adam Green. Le mec qui sait pas quoi faire de ses mains alors qui les balance dans tous les sens, qui fait l’équilibre, qui lève la jambe, qui monte très haut. Adam Green c’est mon chanteur préféré.
Quelqu’un lui a tendu des lunettes de soleil, il a dit qu’il avait perdu les siennes avant d’enchaîner sur son somnambulisme de la veille qui avait pris place dans une station service en Belgique. Le bus était parti sans lui et il s’est fait conduire les sept heures qui le séparaient de Lyon par deux gamins en voiture. Il a raconté ça comme il l’aurait raconté à des copains, sauf qu’il était devant des milliers de personnes.
Il a joué Mozzarela Swatziska et c’est avec cette chanson que j’ai officiellement démarré mon marathon de cris, il a joué ses Emily, Jessica, Carolina. Il a joué Dance With Me, meilleur moment de son concert pour moi. Je pensais qu’il ne la jouait plus et je n’ai pas su quoi faire à part hurler horriblement et horriblement fort quand il l’a annoncée.
Il était beau avec sa veste de crooner, il était adolescent.

Il est parti après 40 minutes de set environ et il n’a pas fallu vraiment de temps pour me remettre. J’avais l’espèce de sentiment pendant le concert, qu’il fallait que je profite, que je regarde partout, que je me génère le plus de souvenirs possible.
Les Strokes sont réputés pour prendre leur temps, j’ajoute ma pierre à l’édifice en certifiant que la guitare d’Albert a été vérifiée plus de fois que je n’aurais pu le compter. Une demie heure après le départ d’Adam Green, la musique a commencé à s’arrêter par fréquences, histoire qu’on croit à chaque fois que ça y était.
Mais ça n’y a été qu’une fois.
La musique s’est évanouie, les lumières se sont éteintes rapidement et les Strokes sont arrivés. C’est précisément là où j’ai commencé à tester mes aigus activement.
Et j’ai quelques aptitudes.
D’abord Juicebox, naturellement, trop transportée par le fait que je les avais en face de moi pour vraiment remarquer quoi que ce soit.




A part le son qui était meilleur que celui d’Adam Green.
The End Has No End a suivi, avec les faveurs de tout le monde. Puis Red Light.
Pour Red Light, j’ai crié comme ça m’énerve d’entendre les autres crier, ainsi que pour Electricityscape, Ize of the World, Someday, Heart in a Cage, Visions of Divisions, Last Nite, Hard to Explain, Reptilia et Take it or Leave it. Des cris de joie parce que dans un moment comme ça, où même une bombe passerait inaperçue, tu ne peux pas l’exprimer autrement, ta joie.
Je me suis fait violence pour ne pas le dire plus tôt, mais Albert était d’une beauté impensable. J’avais honnêtement du mal à arrêter de le regarder. Il était tellement shooté qu’il n’arrêtait pas de sourire, il a passé le concert à sourire sans raison, en alternant parfois avec la bouche grand ouverte pour ses grands moments de guitare. Il avait les yeux dans le vide et l’air heureux. Et puis mon grand moment à moi et certainement un faux grand moment mais je ne peux pas m’empêcher d’y croire. Il regardait dans notre direction ( et aussi étonnant que ça paraisse, je regardais autre part à ce moment là ) et quand j’ai remarqué, sans réfléchir, j’ai levé le bras dans un coucou ridicule et il a souri de plus belle.
IL A SOURI BORDEL.





Je me plais à le penser, et le premier qui me fait remarquer qu’il y avait des milliers de personnes agitant la main au même moment, derrière moi, s’en prend deux.
Parmi tous ces gens il y avait des gens que j’aurais aimé être, qui slamaient et finissaient par se faire jeter de l’autre côté de la barrière, qui souriaient avec le sourire de l’homme satisfait, et repartaient sur le côte pour recommencer ? Un de ceux là s’est fait jeter dans les formes, comme les autres, mais a réussi à se ruer sur la scène et à enlacer Albert qui, bien pété, n’a rien compris, a juste souri avec son air ahuri en arrêtant de jouer.
Le deuxième ayant tenté ça s’est joliment fait latter, lui aussi, mais, beauté suprême, Julian a enjambé les amplis tel un justicier tout de cuir vêtu et a demandé aux vigiles d’y aller doucement. A ce moment, les fangirls ont tellement poussé pour essayer de respirer le même air que lui que la barrière a avancé d’au moins un mètre.
Régulièrement, je fangirlisais moi aussi en criant ‘Albert’ à la française. J’ai honte, attention, mais sur l’instant, ça me paraissait tellement impossible de passer à côté de ça, je pouvais chanter faux, hurler des choses ridicules, mais j’étais pas la seule et de toute façon je m’entendais pas moi-même alors je l’ai fait.
Jamais je n’aurais pensé que j’oserais sauter en rythme sur The Modern Age.
Et pourtant.

J’ai tellement de choses à dire que je voudrais tout écrire pour ne rien oublier, rester dans l’esprit d’hier soir, où je n’ai littéralement pensé à rien d’autre pendant trois heures. Julian a parlé en français, il avait la voix très abîmée, ils doivent être tous très fatigués de toute façon. Encore une fois, sauf Albert qui semblait flotter, qui remuait des épaules comme un jazzman en tordant la bouche tout du long, avec sa légendaire ( pour moi ) lanière rouge à éclair blanc, son tee shirt noir avec veston gris, se cheveux.
Admiration multipliée par 300 pour ses cheveux. Si Albert se coupait les cheveux, je doute que je pourrais encore écouter les Strokes.
Le journal dit que le concert était trop court, j’ai eu l’impression que c’était parfait, comme pour Adam Green, j’ai tout enregistré avec mes eux, je me souviens des chansons qui m’ont fait crié, je me souviens que tout le monde s’est tu pour Ask Me Anything, je me souviens des bouteilles qui circulaient, je me souviens de mes hurlement pour tous les solos d’Albert. J’ai l’impression d’avoir été une autre personne quand je sautais sur un pied en levant les bras comme je trouvais ridicule de le faire. Je regardais de temps à autre Claire qui était aussi déchaînée que moi-même si son obsession s’appelle plus Nikolai. Quoique la petite a admis avoir trouvé Albert beau, miracle que j’avais presque arrêté d’espérer. Julian aussi était au dessus de la hauteur, malgré se multiples chutes et l’affront de la veste à vitraux, c’était le plus beau garçon de la soirée.





Pendant que j’étais à Londres, j’ai acheté Bound Together et je me suis remise à trouver les Libertines irresistibles. Les Libertines c’est quand même ceux qui ont été directement remplacés par les Strokes, pour moi. Alors pendant ce temps, je n’écoutais plus les Strokes et il m’est arrivé de penser que je n’allais pas être au Zenith de mon admiration pour le concert, mais en fait non. Je l’étais.

19 Juillet

Je suis de nouveau dans le train, cette fois pour Angoulême. J’ai la coupure de l’article du concert sur la table devant moi et je déprime tellement de n’être déjà plus au concert, de n’avoir pas sauté sur la scène pour violer Albert, de risquer de ne plus les revoir avant longtemps. J’aime pas cette déprime. Elle me rend impuissante. J’ai encore en tête l’angle de vue sous lequel j’ai dévisagé Albert pendant tout le concert.