jeudi, mars 25, 2010

When it's gone, has it gone all the way ?

En regardant des images de reportages sur les dommages collatéraux de la crise, en voyant les mères de famille de banlieue parisienne exprimer leur peur de l'avenir de leurs enfants, des iraniens mourir dans la rue, des bourrasques ou des tremblements emporter des maisons, des montées de parties extrémistes un peu partout, des cancers, des faillites, des otages, des obèses, des bidonvilles, de la malnutrition, des pédophiles, du chômage, de la corruption, des serial killers, de la maltraitance, nous téléspectateurs, on a du mal à se dire que tout va bien.

Ce soir, j'ai eu du mal à ne pas me dire que le monde était même au bord du gouffre. Peut-être un bien grand mot, une bien grande expression. Toujours est-il qu'en passant un minimum de temps quotidien à regarder les actualités, il semble qu'il soit arrivé un temps ou le rewind va devenir compliqué, et seule une bonne grosse explosion de tous les codes et structures actuels pourra régler tout ça.
Comme un château de cartes...non pas un château de cartes, comme un dessin, un cygne en papier, un livre, un film, une dissert, une charlotte aux fraises, une histoire d'amour : quand on se rend compte que ça a une sale gueule, c'est plus facile de tout recommencer que d'essayer d'arranger ce qu'on a déjà fait.
Mes vues sur la géopolitique et mes talents sur le commentaire de l'actualité se résumant à "Bah moi je dis fuck à l'UMP, qu'ils disent pas qu'ils ont pas perdu vu que c'est leurs électeurs à eux qui se sont abstenus de voter, et, euh, moi je suis pour l'Israël, à priori" je renonce à faire un tour du monde de ma vision des choses et de l'équilibre branlant worlwide et je me tente à un autre type de théorie dont cette vidéo se chargera de faire l'introduction.



C'est vieux comme tout, notre monde est un repère à métaphores vivantes, à échelle réduite, c'est drôle de retrouver des mécanismes d'attraction, de gravité, de reproduction, de cellularisation, de rejet, que ça soit dans l'espace, sur le plancher des vaches ou à l'intérieur de nous. J'ai l'impression, en regardant cette femme, une poêle à frire dans la main, et son enfant, futur victime des conneries des connards que nous sommes, j'ai l'impression que je suis la métaphore de la planète Terre en 2010.
Au bord d'un précipice, non, toujours pas. Notre monde n'est pas sur le point de disparaitre et moi non plus. Mais on peut se servir de cette expression comme d'un point de départ.

J'ai, moi aussi, des zones de tensions, d'affrontements plus ou moins armés, s'y opposent im- et -maturité, action et oisiveté, aucun des deux ne veut céder le terrain, certaines trèves ont lieu parfois. Mes casques bleus font ce qu'ils peuvent mais ce sont des batailles sans issue, pour qu'un des camps obtienne ce qu'il veut, l'autre doit faire des sacrifices, et ça, c'est impossible.

J'ai moi aussi, une forêt amazonienne, qui perd de la surface parce qu'on y balance chaque jour des bulldozer, on y coupe des arbres et on y détruit des habitats naturels, on supprime un des plus beaux environnements existant.

J'ai moi aussi, des favelas qui s'étendent à perte de vue, s'y cachent mon envie d'écrire, de dessiner, de photographier, de voyager, de lire, d'apprendre, de comprendre, elles se cachent bien, parce qu'elles pourraient se faire fusiller, tirer dessus au hasard, facilement dans cet environnement si hostile.

Je suis moi aussi, en récession, mon krach boursier a eu lieu en 2004, la dette n'est toujours pas remboursé et les gouvernements ne se sont pas mis d'accord sur une politique commune, mes bourses sont parfois dans le vert, à l'ouverture, à la fermeture, les fluctuations du chiffre sont impressionnantes, parfois, elles sont dans le rouge.

Je traverse moi aussi, un passage au second millénaire tumultueux, les nouvelles technologies, les nouveaux moyens de communication enrichissent tant qu'elles ankylosent les média et leurs informations, les discours sont nombreux et contradictoires, dans la presse de mon cerveau, les débats politiques sont violents et agités, dans mon coeur.

Je vois naître, chaque jour, des nouveaux types de crimes et de criminels, les faits divers s'impriment constamment sur du papier recyclé et l'opinion publique s'offusque, s'horrifie de ces comportements tellement humains.

Je suis, moi aussi, consciente que c'est critique, CNN, BBC, Google, Twitter en remettent une couche et me dérèglent mon objectif. Comme notre monde ne peut pas vivre sans média, sans flux d'informations, je ne peux pas vivre sans auto-analyse. C'est à moi de me rappeler du grand Canyon, des îles du Pacifique, des capitales Européennes, des aurores boréales, des cerisiers japonais, de l'odeur de la pluie sur un goudron chauffée par une journée ensoleillée, de plein d'autres choses qui restent jolies, quand même, qui seraient regrettables si elles disparaissaient.

Je suis consciente, comme d'autres terriens que si tout ça est entrain d'arriver dans le monde, c'est à la fois notre faute et pas vraiment notre faute non plus. On a pas créé grand chose mais on arrive à en détruire pas mal. On râle, on manifeste et on châtie.

Peut-être que la suppression de tous les gouvernements, de toutes les frontières et de tous les responsables de cette grandiose débandade qu'est notre monde du deuxième millénaire, serait une solution.
Peut-être qu'un magistral blackout où j'arrêterai tout et j'oublierai tout, histoire de commencer à être autrement, autre part, serait une solution.

Mais c'est pas très drôle, d'imaginer que tout pourrait s'arrêter maintenant, on a tous envie de connaître la fin de l'histoire, alors tant que le monde continuera de tourner, c'est qu'il supportera tout ce qui s'y passe et que finalement, ça sera jamais aussi grave que ce qu'on pense.