dimanche, septembre 02, 2007

So damn mean

2 septembre 2007

Il doit être quelque part autour de 10:30 et je peux dire que l'été est fini. Bon, techniquement non, ça sera le 23 septembre à 9:50, tout ça, mais l'ETE, l'image du vide, de la transpiration mélangée à la crème solaire et au sable en une sorte de patée infâme, ça, ça commence bien à s'essoufler. Il suffit de regarder le ciel, il est plus vraiment bleu, tendant plutôt sur une couleur de neige fondue. J'ai même un peu froid. Juste après s'être rendu compte qu'on en a fini avec les vacances, c'est là qu'intervient la rentrée, encore une chose inexplicable qui génère plein de choses, et chez moi de l'angoisse, non, c'est vrai, si ma rentrée consistait à retrouver ma multitude d'amis éditeurs, photographes, infographistes et designers dans mon sublime bureau londonnien où ma tâche serait de chroniquer des disques et des concerts, d'interviewer des musiciens et de -optionnellement- être leur meilleure amie, là, il se pourrait que j'aie banni les vacances de mon vocabulaire depuis une décennie. Mais non, la rentrée c'est le retour de ma famille Thenardier, de Marion, de ma petite chambre, de mon poste de radio qui est cassé, de mon absence de bureau, de l'effectif tout entier de mon lycée, et plus je me rapproche de la date fatidique, plus je me demande si j'ai réellement envie de tous les revoir. Si l'année passée n'a pas été supportable seulement grâce à quelques personnes, qui de toute façon, ne seront plus là et juste après, juste quand je me mets à penser ça, je me dis d'arrêter d'être pessimiste. Merde, plus je grandis, plus des aspects de ma vie s'améliorent et plus d'autres se déteriorent plus que de raison, j'ai pas envie que ça soient les plus importants qui dégagent de ma portée, j'ai un peu peur de toujours manquer d'argent, d'un côté je suis enthousiaste, je me dis que je ferai tout pour partir et d'un autre, oui, je crève de peur. Cet été, objectivement, il était bien. J'étais persuadée d'avoir à compter les jours, à me languir en pleurant et en attendant la rentrée et finalement, la seule fois où j'ai pleuré, pendant ces vacances, c'est parce que je voulais pas rentrer et tous les revoir. C'était au milieu de ces centaines de gens qui pleuraient aussi, vraiment une sensation bizarre, cette journée de voyage avec une pause béante au milieu, sept heures à attendre que ça se finisse enfin, qu'on nous appelle par le nom de notre ville.

Je savais que je me plairais en Scandinavie, ma mère m'avait assez rabâché que c'étaient les meilleurs pays du monde, effectivement, c'est quelque chose. Effectivement, Stockholm est une putain de ville et les Suédois des putains de personnes, effectivement, il y a des lacs, des moustiques, effectivement, j'ai dormi dans une tente pendant trois semaines, effectivement, j'ai passé des heures allongée dans l'herbe au concert des Rolling Stones à Göteborg à essayer de reconnaître les chansons, c'était ce que j'avais toujours voulu faire, découvrir des villes autrement que dans les H&M et les Burger King, avoir peur de partir et finalement peur de revenir.

Enfin je sais même pas comment décrire ça, parce que c'était pas si fort, les liens entre les gens, je ferai pas partie des skyblogeurs qui crieront des "je t'adooooore" à des gens à qui j'ai pas plus roulé de pelles que ça, mais je me sens toujours mieux d'avoir passé trois semaines là bas et d'avoir vu des choses que je soupçonnais pas.
Là bas j'ai fait la cuisine pour quarante, j'ai branché mon iPod dans un bus, j'ai vu la petite sirène, j'ai mangé de la crevette en tube, j'ai parlé à un organiste fan de Fight Club et Transpotting, j'ai vu des couchers de soleil sur des lacs, j'ai fait des feux de camps, je me suis engueulée en anglais, j'ai dessiné dans un carnet de bord, j'ai entrevu l'homme parfait et je m'en suis pas remise. Le dernier jour, donc, j'étais assise sur
mon sac, dans cette patinoire dégelée, j'attendais que 18h00 arrive et je me suis mise à pleurer en pensant que ça serait bientôt fini, Florence, l'animatrice, m'a dit "viens on va faire un tour" et on a acheté des Pim's à la poire et d'autres à la framboise, on a fait le tour de ce quartier sinistre de Paris en crachant sur nos belles familles respectives, et j'ai plus pleuré de la journée. J'ai pleuré au départ d'aucun de mes amis, c'est quelque chose que je n'arrive pas à concevoir, moi, qui ai pratiquement inventé les larmes, je ne pleurs pas pour les départs, je m'en rends compte après, certainement, mais toujours aucune larme, c'est comme ça.

Et puis le petit tour s'est achevé en un fou rire atroce lié à quelque chose que je taierai pour éviter une humiliation de plus.
J'ai tant changé que ça ?

J'ai envie d'écrire comme avant.